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Avignon. L'Humanite o Aniołach Warlikowskiego

Wielka chwila teatru - kończy recenzję z Aniołów w Ameryce w reż. Krzysztofa Warlikowskiego autorka l'Humanite.

New York, 198 Un ancien mauvais acteur de série B mais brillant délateur du temps de la chasse aux sorcieres a été élu président des États-Unis. Il a pour mission d'éradiquer le stupre et la fornication, le communisme et la chienlit. Tout ce qui conduit l'Amérique a sa perte. Reagan est en croisade afin de procéder au grand nettoyage idéologique dans son pays et par le monde. L'ennemi est partout. Mais Dieu est a ses côtés. C'est dans ce climat de suspicion générale et de culpabilité omniprésente, suggérées tout au long de la piece de Tony Kushner, que se situe Angels in America I et II. Soit deux couples dont on observe le délitement au jour le jour. L'un est un couple homo, l'autre hétéro.

Mourir par le sexe

Tous les signes avant-coureurs du sida sont la: saignements, diarrhées, vomissements, ganglions. Vous avez péché par le sexe, par le sexe vous mourrez. Premiere touchée, la communauté homosexuelle. Dans le lot, Piotr Walter, compagnon de Louis Ironson. Piotr se consume sous nos yeux tandis que Louis s'éloigne - est-ce la peur, la culpabilité, la honte ? -, ne pouvant se résoudre l'accompagner vers cette mort inéluctable. Comme chaque soir, Harper attend, en vain, le retour de son mari. Joe est promis a un bel avenir. Brillant avocat, républicain et mormon, il a pour lui tous les ingrédients de cette Amérique heureuse, blanche et croyante, tout ce qu'il y a de plus wasp. Harper creve d'ennuie et se shoote au valium. Ce qui la plonge dans des états hallucinatoires prémonitoires. Ce quatuor se côtoie puis se croise au fur et a mesure que les couples respectifs se défont. Survient un cinquime personnage, clé de vote de cet ensemble : Roy M. Cohn. Avocat du barreau new yorkais, ce type-la est réputé dur en affaires. N'a-t-il pas démarré dans le métier comme adjoint extremement zélé du procureur lors du proces des Rosenberg ? N'a-t-il pas intrigué pour qu'Ethel Rosenberg ne soit pas uniquement condamnée a perpétuité mais a la chaise électrique? Ce fervent patriote, ardent défenseur du reve américain et du dieu dollar, capable d'aboyer des ordres dans trois téléphones portables a la fois, domine le monde du haut de son piédestal. Mais il arrive qu'un jour, on en tombe du piédestal. Plus dure sera la chute. Lui aussi est porteur du sida. Mais jusque dans la maladie, il ne se laissera jamais démonter, sur de son pouvoir et de son argent. Son cynisme toute épreuve tiendra tete au spectre d'Ethel dont les apparitions ne provoqueront pas le moindre petit signe de remords.

Une fable épique

De ce mélodrame tiré du répertoire de boulevard américain, Krzysztof Warlikowski réalise une fresque monumentale, une fable épique ou il est question du bien et du mal, de rédemption et de pénitence, de religion et de communisme. Aussi daté que puisse nous apparaître le texte a certains endroits a nos oreilles de spectateurs aguerris a ces propos, l'écho de la piece dans ce nouveau monde d'apres la chute du Mur trouve, pour le coup, une nouvelle résonance sacrément pertinente. En Pologne, dans un contexte postcommunisme ou le libéralisme et l'emprise de l'Église regnent en maîtres, parler aussi librement d'homosexualité et de religion - catholique et juive - n'a rien d'évident. Mais on se dit que la France, pays jusqu'ici politiquement civilisé, n'est pas épargnée par ce retour a l'ordre moral qui se déploie a l'ombre d'un capitalisme a la violence exacerbée. Cette accumulation de signes que sous-tendent les discours de nos dirigeants actuels ne creuse-t-elle pas le sillon d'une régression intellectuelle et politique comme jamais ? Warlikowski a lu la piece entre les lignes, traquant sans relâche dans les faiblesses humaines ce qui fait mal, ce qui est déplaisant. Il n'ajoute jamais de la violence a la violence des situations, sachant que chaque etre humain a son talon d'Achille. Mais les héros n'ont rien, ici, a quoi se raccrocher, sauf a la mort, dans l'espoir d'un avenir meilleur a défaut de radieux dans un au-dela improbable.

Construite en deux parties, la mise en scene brille de mille feux que les murs tendus de miroirs refltent sans fin. Au début de chacune d'elles, comme un incipit qui ne dirait pas son nom, deux monologues sont prononcés depuis un pupitre qui trône au milieu du plateau. Le premier est prononcé par le rabbin Isidor Chemewitz. Le deuxieme par Alexe A. Prelasarianov, dernier bolchevik de son état. Un diptyque ou la religion et le communisme sont mis sur un meme plan comme si l'histoire du monde se résumait, finalement, a une histoire de croyance. C'est un peu vrai. Ne dit-on pas qu'il faut avoir aussi la foi pour etre communiste ? La foi, les acteurs de Warlikowski aussi l'ont chevillée au corps. Que dire de leur jeu d'un engagement total et d'une virtuosité toute épreuve ? Formidables, ils le sont de bout en bout, généreux et entiers, se jetant a corps perdu dans cette peinture de la société contemporaine. Un grand moment de théâtre.

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